En cette journée de Saint-Valentin, nous vous proposons dix poèmes d’auteurs de la Société des écrivains de la Mauricie. Que ce soit pour vous, pour un(e) ami(e), un membre de la famille, on souhaite que ces poèmes vous rappellent un moment, un élément joyeux de votre vie et que ce petit moment embellisse cette journée de l’amour!
Bonne lecture!
Pourquoi poésie
Pourquoi poésie
si mon coeur est amoureux?
S’il rend l’oeil plus grand
au vol de l’aigle?
S’il rend mes mains douces
alors que je lave mon corps?
Nul besoin de sonnet
au règne de la dévotion
car l’orage violent et nocturne,
les souhaits de bonne fortune
ainsi que les baisers de l’aimé
sont entière poésie.
Thaïs Barbieux
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ABYSSE LEVI’S
le sommeil était resté dans le truck
et nous avions des braises dans les poches
qui flambaient nos jeans
jusqu’aux coutures de la peau
sur le pas de loup
de la porte en chaleur
des regards par-dessus mon épaule
tu as dis
demain arrive
l’igloo a brûlé cette nuit-là
jusqu’à inonder
pendant qu’on souriait
sur la bouche de l’autre
je me rappelle t’avoir gardée longtemps
sur les flammes bleues qui te soudaient à moi
ignifugés
sur les nappes sucrées des glaces fondues
sur les langues fendues de salive
de nos corps transformés
amphibies
te rappelles-tu
la faim
sous cette nouvelle forme?
nous engloutissions les secondes
comme des baleines
à voyager dans le temps
le présent dilué de nos souvenirs pesants
le futur dans l’sillage
jusqu’à mélanger les continuums
de nos océans
enfin
des monstres
léviathans et siamois
empereurs du lit d’eau
gardiens de son insoupçonnable profondeur
des monstres
sacrifiant tribus de cris païens
sur l’autel de l’aube
craignant le soleil
des monstres
effrayés, à genoux
devant les stores incapables
demain arrive
alors nous sommes plongés
plus creux encore
jusqu’au silence
cherchant la noirceur
blêmes et bleus
sous la mince couverture
immobiles
dans la fosse sonore de l’abysse des regards
en apesanteur
il ne fallait pas respirer
ne pas respirer
ne plus jamais respirer
car à la surface
le jour guètte nos lèvres pourpres
prêtent à trahir
retiens mon souffle
je m’accroche au tien
demain arrive
et tu connais bien la lumière.
Alexandre Dostie
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ÂMES SOEURS
Tes yeux-soleil rayonnent dans mes yeux-azur
Et font chavirer mon ciel
Sans nuages avant toi
L’instinct a eu raison de notre raison
Laissons éclater la joie
Laissons libre cours à la folie qui nous habite
Jouissons de nos âmes retrouvées
Dans la beauté et le mystère du désir
Christiane Boucher, février 2021.
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Rouge passion
Des pas
Rouges
Sur neige blanche
Sourire
Rouge
Sur tes dents blanches
Roses
Rouges
Pour tes dimanches
Amour
Fou
Pour mon amante
Denise Hubert, 7 février 2021
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Si j’avais le soleil dans les yeux
Je ne verrais que toi
Si la mer te couchait sur le littoral
Je verrais ton âme avec la mienne
Pour recommencer l’éternité
Comme un cadeau des dieux
Edmond Bonturi, février 2021.
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L’amour à quatre pattes
Un premier regard sur un écran.
Est-ce que je « swipe » à gauche ou droite?
Difficile de connaître la compatibilité par une photo, un court profil.
Je dois me décider à une vraie rencontre.
Un peu de timidité au début, puis des regards plus insistants.
On s’approche; quelques frôlements possibles.
Et c’est le coup de foudre.
Un pur, un vrai, sans questionnement.
Tu me suis à la maison ?
On s’apprivoise, se découvre sans gêne dans cette nouvelle intimité.
Je te quitte le cœur gros; je pense à toi toute la journée.
Je ne pense qu’au bonheur de te retrouver.
Au retour, tu te jettes presque dans mes bras
Avec une joie non dissimulée.
On n’a de cesse de se coller.
La confiance s’installe.
Je surprends ton regard sur moi : tendre et presque reconnaissant,
De t’avoir choisi toi!
Mais je crois sincèrement qu’on s’est choisi mutuellement.
Tes ronronnements font ronronner mon propre bonheur.
La solitude est rompue.
Mon amie doux, comme je l’appelle souvent.
Il est si facile de te dire « je t’aime ».
Grâce à mon chat Matcha, adoptée le 29 juin dernier, l’année 2020 a été pas mal plus douce. Merci à la SPA de la Mauricie d’offrir tout cet amour en adoption.
Élise Rivard
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Les jardins suspendus
Suite poétique en prose
par Frédérick Durand
Persuadée que le jour ne se lèvera pas, chaque nuit, elle jongle en solitaire avec la lenteur du temps qui s’arrête. La neige fond sur ses paupières closes. Elle voudrait m’offrir ce séisme.
Quand tu m’appelleras, n’oublie pas la noce qu’on annonçait au village, alors que tout semblait encore à faire. Ne porte plus le deuil. Tu sais que j’accueillerai tes tempêtes.
Frédérick Durand
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UNE GRANDE MAISON
Une grande maison
remplie d’ombre et de lumière
remplie d’ondes et de poussière
Une grande maison seule
avec de la solitude qui regarde
par les fenêtres
Intemporel on sent l’amour
pourtant toujours présent
Il chante de belles chansons
mélancoliques
Il chante comme un arbre
inspire les oiseaux
Les fleurs sur la table
sont en grande conversation
avec les rayons du soleil
La maison est un nid
toujours neuf
comme l’amour qui oublie
de mourir
Guy Marchamps
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nulle connaissance ne brimait nos débuts
nous courions dans la poussière
au milieu des fleurs
inutile langage
l’été réchauffait nos cœurs
la brise était une route
aux confins de nos assises
une main glissée dans l’autre
des lèvres tendres
l’eau bleue de nos yeux
un soupir
ce fut la rencontre
Marcil Cossette
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Ton amour
C’est sur mes épaules
Que ton souffle
A déposé
Des fleurs d’oranger
Dans tes bras
Tu as bercé
Mes sentiers
Chargés d’automne
Tu as embrassé
Mes ombres
Déposé des couleurs
Au cœur de mes froidures
C’est sur ma peau
Que ton amour
A peint
Des oiseaux
Venus de ciels cléments
Sylvie Poisson