La pièce Zoé effectue une tournée d’envergure au Québec exactement 10 ans après la grève étudiante de 2012 de laquelle elle s’inspire. La Zoé du titre est une étudiante qui obtient une injonction de la cour qui contraint ses enseignants à lui faire la classe même si elle est la seule à y assister… Cette situation crée de vives discussions avec Luc, son enseignant de philosophie. Afin d’en savoir plus au sujet de ce huis clos, nous avons échangé quelques mots avec l’auteur et le metteur en scène de l’œuvre, Olivier Choinière.
Quelles sont vos intentions avec cette pièce?
En 2022, on vit dans un monde très polarisé où la discussion est de plus en plus difficile, surtout sur les réseaux sociaux alors que les gens ne sont pas l’un en face de l’autre. C’est pourquoi la pièce n’est pas un combat, mais une conversation. Je voulais que les personnages cherchent à avoir un dialogue profond et complexe, car tout les pousse à la confrontation. L’empathie nous manque cruellement en ce moment, je cherchais donc à ce que Luc et Zoé se mettent à la place de l’autre. Le public va d’abord avoir tendance à condamner le personnage de Zoé et prendre la position de Luc, mais j’aime qu’on développe un élan de compassion envers elle et qu’on découvre qu’elle nous ressemble.
En quoi la grève étudiante de 2012 vous inspirait?
Tout de suite après 2012, j’ai rencontré plusieurs professeurs qui avaient subi des injonctions les obligeant à donner leurs cours. Je trouvais ce contexte à la fois effrayant et fascinant, mais la pièce ne se situe pas en 2012.
Le hasard fait en sorte que la pièce est en tournée dix ans après le printemps érable. Qu’est-ce que ça apporte comme réflexion?
La pièce résonne de manière particulière dans ce contexte-là, car le professeur et l’étudiante creusent ensemble la thématique de la liberté. Ils se posent des questions comme : Où s’arrête la liberté d’une personne par rapport au collectif?
Est-ce que le texte a changé depuis sa création au Théâtre Denise-Pelletier en 2020?
Le changement majeur, c’est un changement d’acteur. À la création, c’était Marc Béland qui interprétait Luc. C’est sûr que Patrick Goyette amène le personnage ailleurs. Le fait de devoir retravailler ce texte substantiel m’a permis de faire réapparaître le thème de l’amitié de manière plus particulière.
Zoé sera présentée le 10 mai prochain à 19 h à la salle J.-Antonio Thompson. C’est à ne pas manquer!