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17 février 2025 - Gwenaelle Dubois

Quand la musique permet la rencontre : entrevue avec l’artiste Jean-Sébastien Gasnier

Durant l’été 2024, le parc Victoria a accueilli la résidence artistique de l’artiste Jean-Sébastien Gasnier dans le cadre de l’appel de projets ÉTÉ 2024 – RÉSIDENCE ARTISTIQUE AU PARC VICTORIA, lancé par Culture 3R.

Pendant dix journées, l’artiste a invité les promeneurs du parc à partager leurs souvenirs et à dévoiler leur répertoire familial en musique traditionnelle. Accompagné d’un.e invité.e à chaque rencontre, d’une panoplie d’instruments, d’un répertoire varié et d’un kit de sonorisation, Jean-Sébastien Gasnier a invité les passants à s’asseoir le temps d’un instant pour écouter, jouer et discuter. L’équipe de Culture 3R a souhaité le rencontrer à la fin de sa résidence pour découvrir les coulisses de ce projet et recueillir ses impressions sur cette expérience artistique et humaine.

Jean-Sébastien Gasnier est un musicien natif d’Alma. Son amour de la musique lui vient de son père, folkloriste à l’accordéon. Il commence à jouer de la guitare dès son enfance et s’installe à Québec après ses études collégiales, car la ville connait un fleurissement culturel notamment au niveau de la musique traditionnelle. C’est à cette période qu’il découvre un large répertoire de musique traditionnelle dont l’entendue dépasse les frontières du Québec.

Aujourd’hui, Jean-Sébastien Gasnier additionne les projets dans divers styles de musique : swing, musique ancienne, classique. Il est également membre de plusieurs groupes de musique traditionnelle québécoise et irlandaise, qui regagne en popularité depuis quelques années. Avec le temps, l’enseignement de la musique est venu se rajouter à tous ses projets.

Peux-tu nous dire ce qui t’a donné envie de déposer ta candidature pour cet appel de projets de résidence au parc Victoria ?

Jean Sébastien : Ça a été un flash, une étincelle en voyant la description de médiation culturelle. J’ai fait des ateliers sur la musique traditionnelle, mais les ateliers c’est plus une relation encadrée. On partage une notion ou un savoir, il y a un public, il apprend quelque chose de précis, de choisi d’avance. J’avais déjà un bagage d’enseignement mais j’ai vu tout de suite un projet plus interactif défiler dans ma tête avec le parc. On pourrait faire des rencontres avec des gens grâce à la musique traditionnelle, étant donné que c’est un style de musique qui appartient plus au peuple. Quand on parle de la musique folk ou du folklore, cela signifie qui émane du peuple… Donc je me suis dit que c’était une parfaite occasion de partir rencontrer les gens et d’échanger grâce à la musique.

Selon toi, comment la musique peut-elle rapprocher les gens ou leur permettre de s’exprimer ?

Jean Sébastien : La musique, c’est sûr que c’est un vecteur communautaire. Tout le monde va avoir un souvenir avec une musique. C’est aussi une forme d’art un peu plus accessible que d’autres car on la côtoie tous les jours et partout. La musique a cette force de relier les gens quotidiennement. Un monde sans musique, et d’ailleurs un monde sans art plus largement, ce serait impensable. C’est la raison pour laquelle j’ai tout de suite pensé, quand j’ai lu le projet, que la musique allait être un bon vecteur pour rassembler la communauté qui gravite autour du parc Victoria.

Y a-t-il un moment précis où tu as ressenti que ce projet avait un véritable impact, que ce soit sur toi ou sur les participants?

Jean Sébastien : Il y a eu plusieurs moments, mais je pense à un moment touchant en particulier avec un monsieur qui avait fait un arrêt cardiaque quelques mois plus tôt et qui était en rémission. Il est venu se confier à moi parce que j’étais aussi là pour ça, m’asseoir, prendre le temps d’écouter les gens. Il y avait un aspect social à ma démarche et j’aimais pouvoir prendre le temps de discuter avec le monde. Donc, ce monsieur avait perdu son travail, à cause de ça il avait de la misère à payer son loyer et il avait fallu qu’il se débarrasse de sa guitare pour avoir de l’argent. Il nous a confié que ce n’était pas la première fois qu’il nous voyait et qu’il attendait de voir de quoi ça avait l’air avant de se dégêner et de venir participer. Il a bien évidemment fini par se rapprocher et venir jouer de la guitare. On voyait qu’il était un peu rouillé, mais que ça lui faisait du bien. Il a surtout joué des musiques québécoises des années 70. À la fin, il est reparti en nous disant qu’il voulait racheter une guitare. C’était un moment spécial pour lui et moi : c’est toujours plaisant de savoir qu’on fait une différence dans la vie de quelqu’un.

 

Si tu devais résumer cette résidence en trois mots, lesquels choisirais-tu?

Créativité, communauté et bonheur!

Quel était ton « super pouvoir musical » pour attirer les passants?

Jean Sébastien : Plusieurs éléments ont fait le succès de ces moments de rencontre et de partage. J’avais mis un point d’honneur à varier les instruments autant que possible : violon, accordéon, banjo, flûtes… la sonorisation permettait de faire entendre ces sons inhabituels au parc, ça attirait l’attention. Ensuite, le répertoire était accessible avec une large part de chansons francophones et des airs que beaucoup étaient susceptibles d’avoir déjà entendu dans un passé plus ou moins lointain. C’était quand même une relation qui se construisait avec le temps. Souvent, quand je quittais, des gens n’ayant pas osé s’approcher cette fois me disaient néanmoins au revoir ou me remerciaient à distance. D’autres personnes, étant donné qu’on était dans le parc et qu’il y a des immeubles tout autour, sortaient sur leurs balcons pour nous écouter. Il y a eu plein de gens qui passaient initialement juste pour se promener seuls, entre amis ou avec leur chien et qui sont repassés plus tard dans la journée pour participer et jouer avec nous.

 

As-tu un « top 3 » des chansons les plus chantées ou évoquées par les participants?

Jean Sébastien : Je pense notamment aux succès de La bottine souriante et du Rêve du diable. Ça demeure deux groupes majeurs pour les Québécois, donc c’est sûr que Le p’tit porte-clé (La ziguezon) et Dondaine laridaine, on les a chantées quelques fois. Le plus souvent, les participants me donnaient carte blanche, ils étaient déjà heureux de venir taper du pied, jouer de la cuillère ou de répondre des classiques comme Pour boire il faut vendre. J’en profitais alors pour tenter de leur faire connaitre autre chose, une pièce un peu moins jouée, pour élargir leur répertoire.

Depuis sa création en 1997, Culture 3R poursuit des objectifs de développement culturel, et ce, dans un processus d’implication du milieu. Relevant de la Direction de la culture, des loisirs et de la vie communautaire, Culture 3R a pour mission de développer, promouvoir et rendre accessible l’offre culturelle et artistique afin de contribuer au mieux-être et au développement de la communauté trifluvienne.

Si vous souhaitez connaitre les appels de projets qui ont lieu en ce moment, rendez-vous dans notre onglet appel de projets culturels

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